Une marraine d’UBUNTU témoigne

Bonjour à tous et toutes, je m’appelle Françoise et suis marraine dans l’association UBUNTU depuis 2013. A la demande de madame MUKAKALISA je vais donc vous livrer mon petit témoignage concernant mon expérience du parrainage d’enfants et particulièrement celui de Drocelle au Rwanda.

J’ai 55 ans et suis marraine depuis à peu près l’âge de 18 ans, d’abord d’un seul enfant dans un pays d’Asie puis au fil du temps de plusieurs dizaines de filleuls à la fois, avec pour chacun soutien financier mais aussi affectif par, selon le pays et l’âge, des échanges épistolaires mais pouvant aller jusqu’à des tchats sur les réseaux sociaux, et pour certains d’entre eux des rencontres face à face, moments particulièrement riches en émotions.

Si mes premiers parrainages, souvent d’enfants assez jeunes, se sont en général terminés au bout de quelques années sans accès à un diplôme, ils sont maintenant de plus en plus nombreux à aller jusqu’au bout d’études supérieures avec à la clé un emploi, une autonomie, le soutien de leur parents et fratrie, et la fondation de leur propre famille avec des enfants qui seront eux-mêmes scolarisés. Garder contact avec eux et continuer à suivre leur progression dans la vie est particulièrement émouvant et source de grande fierté.

Parmi le grand nombre d’enfants soutenus, peu l’ont été depuis les petites classes jusqu’à l’autonomie, mais cela a été possible pour les jeunes parrainés à partir de l’âge de 10 – 12 ans. Cela a été le cas de Drocelle, ma filleule chez Ubuntu, parrainée en 2013. Elle entrait alors en classe de 6ème et avait été au départ sélectionnée sur sa motivation et ses résultats scolaires. Tous ses frères et sœurs avaient abandonné l’école à ce stade pour raisons financières. Le parrainage a au départ servi à l’aider dans les frais de scolarité mais également à l’achat d’un matelas et de couvertures pour l’aider à étudier dans de bonnes conditions, j’ai pu également faire parvenir quelques cadeaux de France (essentiellement vêtements) à l’occasion des voyages de membres de l’association. Les échanges se sont au départ faits par courriers transmis par l’asso, puis une fois que Drocelle a eu son bac et a intégré l’ « university of Rwanda » dans le domaine de l’informatique nous avons communiqué par whatsapp et messenger. Elle me tenait régulièrement informée de ses résultats scolaires, m’envoyait des photos d’elle, et me faisait parfois part de ses besoins, j’ai eu la chance d’avoir une filleule qui ne cherchait pas à abuser et était scrupuleusement honnête, ce qui n’est pas toujours le cas dans les échanges directs au cours desquels il faut toujours rester vigilants. Les demandes étaient de toutes façons supervisées par la présidente de l’association, bien plus au fait que moi des besoins et du coût de la vie au Rwanda. L’argent a pu être envoyé à chaque fois via l’association et était bien réceptionné par ma filleule.

Drocelle a brillamment réussi sa scolarité et est désormais en stage pratique pour une fin d’études prévue après l’été. Je suis très fière d’elle et pense que nous resterons en contact par la suite car le parrainage va bien au-delà du soutien financier et de véritables amitiés se développent.

Je vous parlerai aussi brièvement de Jeff, parrainé de 2017 à 2021, qui a pu quant à lui terminer sa scolarité, étudier la mécanique, passer son permis de conduire, et qui après quelques péripéties a finalement décroché un emploi de vendeur de voitures dont il semble bien vivre.

Comme vous l’aurez compris, le parrainage est pour moi une passion. Il permet de donner l’élan nécessaire à un jeune qui n’attend qu’une main tendue pour se sortir de la pauvreté et entrainer avec lui d’autres personnes. Il permet de s’ouvrir sur une culture différente, faire parfois de beaux voyages et de magnifiques rencontres, sceller des amitiés qui défient le temps ; Parrainer c’est aussi contribuer à la formation d’une élite qui permettra au pays même d’évoluer positivement, de valoriser le travail et les études au lieu de la corruption. Les jeunes parrainés auront également à cœur de scolariser leurs enfants et leur transmettre les valeurs qu’ils ont reçues au cours de leurs études. Les jeunes filles se marieront plus tard, seront plus mûres, éviteront les grossesses précoces, et pourront selon leur choix et celui de leur conjoint contribuer à l’économie familiale. La scolarisation permet aussi d’échapper à l’exploitation sexuelle et au  travail des enfants.

En ce qui me concerne je parraine de plus en plus de « grands » car c’est souvent à partir du collège ou du lycée que les parents sont tentés de faire arrêter les scolarités aux jeunes pour les faire contribuer à l’économie familiale. Ces jeunes sont conscients de leur chance, sont motivés et travailleurs, les échanges sont particulièrement riches avec des filleuls avides de connaitre leur marraine et sa culture, au moment de l’adolescence ils se confient davantage à une personne un peu éloignée et qui peut leur apporter une autre analyse de leurs problèmes que leurs parents, certains sujets culturellement tabous dans leurs pays sont également abordés discrètement via les réseaux sociaux chez des jeunes en soif d’écoute et de compréhension.

Pour les personnes ne souhaitant pas vivre une telle implication, le parrainage collectif permet également de sortir des enfants de la misère par la scolarisation, les nouvelles étant fournies alors par l’association de manière collective.

J’espère avoir réussi à vous faire partager ma passion ; chaque parrainage est unique, chaque enfant est différent, certains iront loin, d’autres non, mais même en cas d’interruption de scolarité le bagage acquis les accompagnera toute leur vie, n’hésitez pas à vous lancer, on reçoit bien plus que ce que l’on donne.

Vous souhaitant une bonne soirée, cordialement

Françoise

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