100 jours moins 58 jours …

Merci pour les photos de vos plantes d’espoir que nous recevons chaque jour. Hommage spécial aux personnes tuées au Rwanda le 4 juin 1994.

Le RWANDA

Femmes debout

Elles avancent d’un pas nouveau, celui que le précédent a soigneusement préparé. Elles ne renient aucun des enseignements reçus. Des temps anciens elles décodent les signes et les symboles. Elles avancent dans la vie, celle de tous les jours, celle des hommes, des femmes et des enfants du monde. Elles hument l’air nouveau, l’air du bonheur qu’elles ont décidé de chanter. Elles composent une mélodie nouvelle, celle qui inspirera les poètes des temps nouveaux. Elles donnent, spontanément. Elles avancent, elles n’attendent pas. Elles ont pris le temps de créer, de procréer, de couver, de composer. La gestation a pu paraître longue, insensée. Le nid commun, le berceau d’une humanité nouvelle. La construction de l’aube à l’aurore. Elles parlaient des choses qu’on ne voyait pas, elles parlaient quand même. Elles mettaient les mots, elles créaient. L’herbe verte avant la présence de l’homme, elles avaient vu. Elles ont vu, avec leurs yeux, ce que d’autres yeux ne voyaient pas. Et même lorsqu’elles ne  voyaient pas, elles parlaient quand même, tout en avançant en toute confiance. Elles se disaient : « Nous avons vu la mort, nous avons engendré la vie. Nous savons que l’un ne va pas sans l’autre. Nous cherchons à comprendre l’un et l’autre. Le sens de la vie, le sens de la mort, le visible, et l’autre ». Elles vivent éveillées, ces femmes libres. Lorsque certaines d’entre elles s’endorment, elles savent qu’elles ne sont pas mortes. Elles renouent, elles renaissent, elles vont, elles reviennent. Et lorsqu’elles arrivent, elles cherchent le sens de la marche, pour renouer avec la vie. Lorsque celles d’entre elles viennent des chemins lointains, pas nécessairement de la mort, mais pas loin non plus, les autres savent les reconnaître. Elles se rencontrent pour la danse, celle de la ronde, de la vie. Elles rythment leur vie, elles se transforment. Comme les caméléons, elles portent les couleurs, celles de l’arc en ciel. Elles vivent, elles meurent. Elles meurent pour revivre. Elles passent de la mort à la vie, comme on passe de la nuit au jour. Elles savent au fond qu’au-delà de celui qui se voit, ailleurs existent d’autres soleils. Elles ne sont pas pressées, pour rejoindre les autres terres, elles savent que le temps compte, la vie aussi. Elles prennent le temps, chaque instant est pour elles l’importance du souffle. Celle de l’inspire après l’expire. Celle du battement du cœur, le deuxième après le premier, celui qui ne doit pas s’arrêter. Elles assurent la continuité, elles détiennent le secret. Celui du savoir des pierres. Celui du vent qui se lève du fond de l’eau. Celui du feu qui sort de la terre par les volcans. Celui des soleils, celui que l’on voit, et les autres. Elles savent, elles savent se taire. Elles disent : ce sont nos enfants. Les hommes ? Ils furent d’abord nos enfants, c’est nous qui les avons faits. C’est nous qui les faisons. Le mot est important. L’image aussi. Main dans la main elles avancent et font avancer, vers le monde de nos rêves. Et l’utopie devient réalité. Les enfants du monde? Nos enfants.

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100 jours moins 58 jours ...

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