En mémoire des cent-quatre-mille (104.000) personnes tuées pendant les 12 jours avant le 19 avril 1994 et ce jour-là, pour qu’un jour on puisse vraiment dire « plus jamais ça », non du bout des lèvres, mais parce qu’on le veut. Je veux réaliser cette promesse que je me suis faite d’innombrables fois que des milliers tombaient à ma gauche, à ma droite, toutes ces fois où j’ai regardé la mort dans les yeux, et où elle a renoncé à s’avancer contre moi. Tel le petit colibri, « je fais ma part »; j’ouvre la danse :
J’ouvre la danse
Celle du vent
Celle du tango
Celle du djémbé
Je suis seule je suis toi je suis nous
J’ouvre la danse de l’instant du temps
Celle de la valse qui se danse en un temps
Celui de l’éternité qui ouvre et libère le prisonnier du temps
J’ouvre la danse
Celle du tam tam
Qui va de ville en ville
Préparer le ton du temps
Donner l’air au tempo qui libère les prisonniers du temps
J’ouvre la danse
Comme un serpent
Je me défais des mues
Je défie je refais les murs des milieux
Je danse avec toi je danse pour nous je danse avec toi
J’ouvre la danse
Comme un caméléon
Je fais je défais je refais dans l’abîme
Je largue les amarres je crée les liens je dénoue les nœuds
Je fusionne je sépare je fais des tris, je range je dérange je rerange
J’ouvre la danse
De la nouvelle page
Celle qui ne pouvait s’écrire sans toi sans moi
Celle de l’amour qui naît au fond des haines
Celle des parfums qui enfument l’orient quand il embrasse l’occident
J’ouvre la danse
La danse du Sud
Qui remonte vers le Nord
J’ouvre la danse
Celle d’une bouchée
Le temps d’un soleil
Le temps des amours
Le temps des berceaux
J’ouvre la danse
Le temps d’une mélodie
Le temps d’une larme
Le temps d’un sourire
J’ouvre la danse aux milliers de pétales
Et je donne et je tonne
Et j’entonne le nouveau
L’inespéré
De toi, de moi, de nous réunis.
Marie, présidente de l’association UBUNTU