Le 13 avril 1994. je ne sais plus qui est mort, je ne sais pas si j’ai vraiment su. Tous ceux qui ont perdu des êtres chers le savent. Ce jour-là, on se dit toujours qu’on ne l’oubliera jamais. On se souvient pendant longtemps, de l’heure, de la minute, de la seconde. On se souvient de tout. On garde précieusement ces souvenirs… jusqu’à ce que le temps les efface.
Au nom des cinquante-six-milles personnes tuées en ces 7 jours du mois d’avril au Rwanda de 1994, je choisis mon héros : ma mère.
Tu as été tuée avant, tu as refusé de mourir. Tu as été tuée pendant, tu as refusé de mourir. Tu as été tuée après, et un jour tu t’es couchée, et tu ne t’es plus réveillée.
Ce que peu de gens savent, c’est que des gens ont été tuées, certaines pour la taille de leurs pieds, d’autres pour un lopin de terre, d’autres encore pour une chaînette dorée qu’elles portaient à leur cou, pour la jalousie, pour une bouchée de pain, pour un rien.
25 ans plus tard, l’énergie vitale continue de couler, parce que des gens comme mon héros ont continué à aimer, envers et contre tout, même au delà de leur souffle.
Merci maman, j’ai appris à voir le monde à travers tes yeux.
Marie, présidente de l’association UBUNTU.